Avril
1996
Deux mètres de masse musculaire filant sur des patins a roues alignées, c'est l'image qui vient tout de suite a l'esprit lorsqu'on parle de Wilbert Saint-Juste. Ce géant de 28 ans, diplômé de criminologie a l'Université de Montréal, est un des plus beaux exemples de réussite en affaires de la communauté noire. Ancien footballeur, une blessure à la hanche a mis tragiquement fin a son rêve de Carrière sportive. «J'étais assis sur la plage à me demander ce que j'allais faire lorsque j'ai soudainement vu passer un patineur sur la jetée. C'est à ce moment que j'ai eu l'éclair ... » C'est alors qu'il a décidé d'ouvrir sa première boutique Précision alignée, sur la rue Duluth. Muni d'une license exclusive de commercialisation que lui a consentie la compagnie Bauer, Wilbert Saint-Juste se lance dans cette entreprise folle dont rien ne prédit le succès phénoménal. Sa recette gagnante, c'est de créer une mode autour de l'objet: le patin à roue alignée. Pour soutenir son commerce, il déploie des trésors de créativité: courses de patins, ligue de hockey sur roue (l'ancêtre des Roadrunners), association et regroupements, toutes les formules sont bonnes pour innover, informer et battre la compétition par sa rapidité. Cette agressivité en affaires ne lui ote pas son sens civique et Wilbert Saine-Juste poursuit à temps partiel son métier de criminologue auprès des jeunes en difficulté. «Les temps vont être durs. Il faut donner a notre jeunesse des armes et des modèles qui leur donneront le goût de la réussite. Il faut leur apprendre à foncer ... »
Mars
1996
Née à Port-Au-Prince, Haiti, Mercedes Durosel s'est impliquée toute sa vie dans des activites artistiques, sociales et culturelles. A l'âge de quinze ans, elle fonde la premiere équipe féminine haitienne de basketball qui deviendra plus tard, l'équipe officielle du pays. Venue s'installer au Québec en 1970, elle fait des études en sciences politiques a l'UQAM. Elle est aussi diplomée en sciences infirmières et en art dramatique. Cette formation multi-disciplinaire lui permet de s'impliquer au niveau professionnel et personnel dans une multitude d'activités. Active en politique municipale, militante pour le droit des femmes, première femme noire nommée au conseil consultatif canadien sur le statut de la femme, membre de I' association Haitiano-Canado-Québécoise de promotion culturelle et artistique, Présidente de l'Association économico-féminine multi-ethnique, cette femme dynamique semble posséder une source d'énergie inépuisable. Ses points de vues originaux sur les questions relatives aux femmes, aux enfants et aux minorités visibles ont fait l'objet de nombreux articles dans les journaux, de reportages à la télévision et dans les magazines. Son combat pour encourager l'esprit d'initiative, I'entrepreneuriat et la prise en main de leur destin chez les femmes de toutes origines est au coeur même de sa vie. Une femme bien de son temps, Mercedes Durosel travaille à immortaliser les grands événemenrs et à améliorer la condition des femmes.
Février
1996
Né au Senegal le 23 decembre 1923, le professeur Cheikh Anta Diop a incarne pendant trois decennies le combat pour la rehabilitation des peuples noirs dont les contributions a l'histoire furent souvent occultees. A la fois specialiste de physique nucleaire, historien, paléontologue, anrhropologue et linguisce, son oeuvre est l'une des plus originales et des plus fecondes en Afrique. Toute sa vie fut consacree a un long combat politique pour asseoir ses thèses qui proposaient un bouleversement total des fondements des connaissances universelles. Au colloque du Caire en Egypte, en fevrier 1974, il s'est farouchemenc battu pour démontrer scientifiquement l'existence d'une Egypte pharaonique noire et que plusieurs aucres trornçons de civilisation som rattaches culcurellement à la civilisation Egypco-nubienne de la vallée du Nil. Plus tard cette même année, il propose un modèle pour un furur Etat Fédéral d'Afrique Noire, base sur l'unité africaine et l'affirmation culturelle. Au moment de sa disparition le 7 fevrier 1986, Cheikh Anta Diop etait le président de l'Association Internationale des Chercheurs Noirs aux Etats-Unis. Son oeuvre monumenrale a sucité de nombreux écrits à travers le monde, donne naissance à diverses organisations qui ont pour but d'étudier, de développer et de vulgariser l'histoire des Noirs. On lui doit entre autres, l'existence dans plusieurs universités americaines des départements d'études africaines fondés sur l'Afro-Centrisme et l'Africologie. L' oeuvre de Cheikh Anta Diop constitue un apport décisif à la restauration de la conscience historique africaine et loin d'inviter les peuples noirs à se complaire dans cette place retrouvée, il les exorte à donner la mains aux autres nations du monde «pour batir une civilisation planétaire ... »
Janvier
1995
Sankara fut le symbole de la lutte au colonialisme, au néocolonialisme, à l’impérialisme et à l’exploitation de la classe ouvrière. Son ascension étourdissante a apporté de l’espoir à des millions de jeunes Africains pour qui Sankara représentait une nouvelle génération : fière de ses origines, ouverte à la modernité et prête à assumer son rôle. Président vertueux et populaire, il a offert une nouvelle dignité aux Burkinabés et aux Africains en général. Sankara le rebelle Thomas Sankara est né en Haute-Volta en 1945. Le 2 octobre 1983, à l’âge de 38 ans, il est élu à la tête de ce pays, devenu depuis le Burkina Faso. Officier et intellectuel, il dirige le pays d’une façon considérée comme révolutionnaire. Il voulait réorganiser l’État et la société par la mobilisation des agriculteurs et des jeunes gens. Cette réorganisation, croyait-il, devait être effectuée en mettant un terme aux discours vides des élites corrompues qui, depuis longtemps, avait perdu contact avec la réalité du Burkina Faso, un pays d’artisans et de fermiers, aux ressources naturelles limitées et affecté par la sécheresse. Sankara croyait fermement à a la « dignité de la pauvreté », une dignité que chaque personne devait assumer avec honneur, en combattant pour ce qui essentiel. Son message à la jeunesse burkinabée était que la seule façon de trouver des solutions et de veiller à la bonne santé de la nation était d’étudier, de méditer et d’agir collectivement vers un objectif productif. En tant qu’instigateur d’une forme de « révolution » idéologique, Thomas Sankara n’avait qu’une seule ambition : empêcher son pays de sombrer dans la pauvreté en assurant une reprise économique. Il voulait que tout un chacun au Burkina Faso soit responsable, et pour ce faire il devait reconnaître leurs droits et en traitant son peuple avec le respect que chacun mérite. Ces changements ne furent pas faciles à entreprendre. Non seulement Sankara a dû prendre le pouvoir par la force, il a également eu la témérité de défier l’ordre social établi. Après de nombreuses déceptions et blessures infligées aux nations africaines par des pseudochefs révolutionnaires, qui n’étaient rien d’autre que des dictateurs, Sankara a voulu redonner espoir non seulement par les mots, mais surtout par ses actions. Tous les citoyens doivent participer à l’effort collectif et au développement de la nation. Les hauts dirigeants devaient changer leurs styles de vie.
Décembre
1995
Cilia Sawadogo est une cinéaste de 28 ans spécialisée dans l’animation. Son style personnel propose une vision de la féminité et une touche d’innocence. Elle puise son inspiration chez les grands créateurs comme Walt Disney et Frederik Bach, connu pour son film exceptionnel L’Homme qui plantait des arbres. Pendant deux années, Cilia a collaboré sur Sesame Street, une émission de télévision pour enfants. Elle a produit une série de films animés de 120 secondes intitulée Je m'habille/La plante qui expliquait le rythme des saisons. Puis, elle réalise un projet plus ambitieux, Jouons ensemble, dans laquelle on retrouvait quatre clips animés montrant des enfants de toutes les nationalités jouant harmonieusement ensemble dans un parc. Bien qu’elle n’ait commencé que récemment sa carrière de cinéaste, son talent et la qualité de son travail sont reconnus par l’industrie. Un de ses films, un court-métrage de six minutes intitulé La Femme mariée à trois hommes, une adaptation d’un conte africain, a remporté le prix dans le concours Regards canadiens sur les pays africains et créoles lors de l’édition 1993 du Festival Vues d’Afrique. Ce sont des thèmes comme l’harmonie interculturelle et la compréhension qui inspirent Cilia. Elle a même fondé sa propre maison de production, Planète Films, un nom qui reflète ses intérêts. Les différentes étapes de la création d’un film animé diffèrent de celles d’un film traditionnel avec des acteurs. C’est un long processus méticuleux. Par exemple, 24 images doivent être dessinées à la main pour chaque seconde d’animation, ce qui signifie des milliers d’images pour un clip de seulement quelques minutes. Cilia a également travaillé comme illustratrice. Parmi ses réalisations, on retrouve Contes d’Haïti, un livre pour enfant ainsi que l’affiche promotionnelle du festival Vues d’Afrique pour laquelle a été récompensée. Une image vaut mille mots Issue d’une famille interraciale (son père est Burkinabé et sa mère Allemande), Cilia est plus sensible aux problèmes interculturels. Elle a passé une partie de son enfance en Allemagne et au Burkina Faso. Elle a immigré au Québec en 1983 et étudié au Cégep de Sainte-Foy, en langue et en littérature. Elle s’est installée plus tard à Montréal et a obtenu un diplôme en communications à l’Université Concordia.
Novembre
1995
Arsinoee Salomon Quammie adore enseigner le français, mais elle a également un message très spécial à faire passer à ses étudiants. Elle cherche à transmettre une prise de conscience interculturelle ainsi que des valeurs spirituelles afin de créer un environnement harmonieux où les jeunes et les adultes se respectent et cherchent à se comprendre. Arsinoee Salomon est née en 1947 à Port-Salut, Haïti. Elle grandit dans une famille qui lui transmet de solides valeurs morales et religieuses. À 18 ans, peu après avoir obtenu son diplôme, elle commence à enseigner au primaire. Elle se marie à un pasteur méthodiste et l’accompagne en Jamaïque où ils vivent pendant 10 ans. En 1975, elle immigre au Canada, plus précisément en Ontario, afin de consulter des spécialistes pour sa jeune fille qui souffre de plusieurs handicaps sévères. Après une amélioration de la condition de sa fille, Arsinoee Salomon Quammie décide de rester au Canada et de continuer ses études en Ontario. Elle obtient un baccalauréat en français de la Queens University et démontre un intérêt marqué pour les études morales et religieuses ainsi que pour l’administration. Le centre Summerlea : Mme Quammie s’installe à Montréal en 1980. Elle travaille comme professeure suppléante dans plusieurs écoles avant d’être embauchée par le Summerlea Center pour enseigner le français. Cette école publique anglophone accueille une clientèle multiethnique spéciale. Certains des enfants qui la fréquente souffrent de troubles de l’apprentissage légers à sérieux, d’autres de handicaps intellectuels, mais tous ont des difficultés à apprendre le français qui n’est pas leur langue maternelle. Summerlea est souvent le dernier recours de ces enfants incapables d’intégrer efficacement les écoles régulières. Plus que des paroles En plus d’être responsable du département de français, Mme Quammie était membre du conseil consultatif sur les relations ethniques de la Commission scolaire des écoles protestantes. Sa contribution dans ce secteur a été importante puisqu’elle était responsable de l’évaluation des programmes et devait s’assurer que le conseil consultatif atteignait ses objectifs. Lorsque l’Église catholique romaine a tenu sa première conférence sur l’éducation interculturelle, Mme Quammie a fortement encouragé sa commission scolaire d’y participer, et elle a été invitée à s’exprimer lors de présentations.
Octobre
1995
Natif de la Barbade Jean Paris est une actrice importante dans la lutte pour les droits des femmes en soins infirmiers, et des infirmières noires en particulier. Parris est une leader du milieu syndical connue pour son franc-parler. Elle a été formée en soins infirmiers en Angleterre avant de s’installer au Canada. Elle travaille d’abord à l’Hôpital général juif, mais les tâches quotidiennes liées à son métier l’ennuient. En Angleterre, le personnel infirmer se voit confier de plus grandes responsabilités et un droit de regard sur le traitement des patients. Ainsi, elle participe avec les médecins au diagnostic et au traitement des patients. Ici, elle se sent davantage comme la bonne d’un médecin, qui exécute uniquement les ordres de ce dernier. Elle commence donc à s’intéresser à sa convention collective et à dénoncer divers aspects des conditions de travail du personnel infirmer. Peu après, ses collègues lui demandent de devenir leur représentante. C’est le début d’une carrière de presque 15 ans au sein du mouvement syndical. C’est en tant que représentante syndicale qu’elle commence à lutter contre le racisme dans les hôpitaux. « Très souvent, les infirmières noires étaient transférées, suspendues ou même renvoyées pour de supposés conflits de personnalités. Ces conflits ne semblaient pourtant survenir que lorsque les infirmières impliquées étaient Noires. Il fallait donc d’abord informer les autorités que le racisme existait en milieu hospitalier si nous souhaitions changer les choses », explique Jean Parris. En 1985, elle occupait le poste à temps plein de consultante pour la Fédération des infirmières et infirmiers du Québec (FIIQ). Grâce à ce poste, elle a pu tisser des liens avec des infirmières d’autres hôpitaux qui subissaient de semblables discriminations, tout particulièrement les infirmières noires de l’Hôpital Douglas, du Royal Victoria et de l’Hôpital général de Montréal. La plupart d’entre elles étaient de bonnes infirmières qui souhaitaient accomplir leur travail correctement, mais qu’on empêchait de plusieurs façons en raison de la couleur de leur peau. Huit ans plus tard, la lutte au racisme existe toujours, mais comme le dit Jean Parris, au moins maintenant, les gens reconnaissent qu’il y en a. Et il s’agit peut-être ici de la moitié de la bataille. Un autre défi important l’attendait également : convaincre les infirmières de rejoindre le combat et de faire valoir leurs droits. « Au milieu des années 80, et à un degré moindre aujourd’hui, un des problèmes communs était la confiance en soi, en partie à cause de la structure du milieu infirmier, et en partie en raison du bagage culturel des infirmières. Nous avons dû les convaincre qu’elles étaient de bonnes infirmières professionnelles, qu’elles, plus que n’importe qui savaient ce qu’elles faisaient et qu’elles devaient croire en elles-mêmes, » raconte Parris.
Septembre
1995
Jeffers a été directeur adjoint de l’École secondaire Westmount, une école publique fréquentée par des étudiants issus de divers contextes économiques et de 58 groupes ethniques différents. Il a été en charge du département de mathématiques à la Montreal High School pendant plusieurs années avant d’occuper les mêmes fonctions à l’École secondaire Westmount pendant 15 ans. Son rôle consiste maintenant à créer un environnement harmonieux au sein de son école afin d’aider le personnel enseignant à offrir une éducation de qualité, et en retour, faire apprécier aux étudiants leurs professeurs et leurs enseignements. Au cours de ses années universitaires, Garvin Jeffers était bénévole pour la United Negro Improvement Association (UNIA), où il enseignait les mathématiques et l’anglais tous les samedis. Des étudiants venaient de partout profiter de sa générosité. Un jour, un jeune Antillais, qui selon les experts, souffrait de troubles de l’apprentissage sérieux pour lesquels il avait été placé dans une classe spéciale, s’est rendu chez Garvin Jeffers pour de l’aide. Il était déterminé à poursuivre ses études et à obtenir son diplôme. Après seulement quelques mois, le jeune homme avait fait de tels progrès qu’on l’a réintégré dans une classe normale avant la fin de l’année scolaire. Il étudie aujourd’hui en actuariat. M. Jeffers garde une grande satisfaction de cette rencontre parce que, contrairement à d’autres professeurs, il a cru aux capacités du garçon et a passé de longues heures avec lui, une décision qu’il n’a jamais regrettée. En 1972, Garvin Jeffers a fondé et dirigé la Sanna Elementary Summer School. L’objectif de son programme était de combiner sujets académiques et activités créatives pour offrir un séjour plus intéressant et enrichissant aux étudiants. Le succès de son approche s’est propagé, et chaque été, des jeunes de partout à Montréal s’y inscrivent. Garvin Jeffers est un homme déterminé qui a toujours combattu pour ses idées et ses convictions, même lorsque les obstacles semblaient insurmontables. Par exemple, il a même demandé plusieurs fois qu’un cours sur « l’histoire des civilisations noires » soit ajouté au cursus régulier de l’École secondaire Westmount, une matière qu’il a même enseignée pendant qu’il était responsable du département de mathématiques. Il a ensuite poursuivi ses efforts pour l’inclure dans le cursus de la Commission des écoles protestantes du Grand Montréal.
Août
1995
Le nom de Rosetta Cadogan est lié à l’Association d’anémie falciforme du Canada. Mme Cadogan a consacré sa vie à aider les jeunes et les adultes qui souffrent de cette forme d’anémie. Depuis plus de 15 ans, elle contribue à éduquer et sensibiliser le public sur le sujet, à former des volontaires pour répondre aux besoins des victimes de la maladie et, par-dessus tout, à offrir un soutien constant à leur famille. Rosetta Dadogan est une technicienne de laboratoire. Elle travaille depuis 1973 à l’Hôpital pour enfants de Montréal en microbiologie (l’étude des maladies immunitaires), l’hématologie (l’étude et le traitement des maladies du sang) et l’immunologie (l’étude des maladies immunitaires). Son poste à la tête du laboratoire immunothérapie de l’hôpital lui impose de travailler souvent seule, et le soir et les week-ends. On exige d’elle des qualités exceptionnelles dans son travail, qui bien souvent, s’effectue sous le stress en raison de la nature urgente et parfois spéciale de certaines opérations. La quête de la connaissance : Rosetta Cadogan est née à La Barbade le 15 février 1948 dans une famille de 8 enfants, une fratrie de quatre garçons et d’autant de filles. Étudiante douée et assidue, la recherche médicale l’a toujours fascinée. Elle s’intéresse à la découverte de traitements efficaces contre les maladies ainsi qu’à leurs causes. Rosetta Cadogan commence ses études collégiales à La Barbade, mais les termine à Montréal. Elle obtient un diplôme en technologie médicale du Collège Dawson, puis a terminé des études en biologie et en sociologie à l’Université Concordia. À partir de 1976, elle commence à nourrir un intérêt pour l’anémie falciforme. Qu’est-ce que l’anémie falciforme? L’anémie falciforme est une maladie génétique chronique où les globules rouges, appelés aussi hémoglobine, sont déformés et détruits. Cette maladie incurable n’apparaît habituellement qu’à partir de l’âge de deux ans. Il s’agit d’une maladie incurable, mais les patients peuvent mener une vie normale avec les soins médicaux et à domicile adéquats. L’anémie falciforme touche principalement les populations noires d’Afrique, des pays méditerranéens (Grèce, Italie, Syrie, etc.), des Caraïbes ainsi que de l’Amérique centrale ou du Sud. L’Association d’anémie falciforme du Canada a été fondée en 1976 par des parents, des volontaires et des professionnels de la santé. Mme Cadogan est une membre active de cette organisation dont l’objectif est de sensibiliser le public et les personnes à risque. Elle recrute également des volontaires (souvent de jeunes gens) pour répondre aux divers besoins des patients et de leurs familles.
Juillet
1995
Née de parents jamaïcains, Pat Dillon s’est fait connaître par son rôle dans le film Sitting in Limbo. Elle est active dans la communauté artistique de Montréal depuis presque 14 ans, dont quatre au poste de directrice des relations publiques pour le Black Theatre Workshop. Mme Dillon est actuellement directrice de CKUT Radio McGill. Originalité et vitalité : Après avoir obtenu son diplôme d’études secondaires, Pat Dillon a poursuivi des études en gestion de la vente et en créativité artistique au collège Dawson. En 1986, elle est approchée par un producteur de l’Office national du film (ONF) qui souhait tourner un long-métrage : l’histoire de quatre adolescents noirs tentant de survivre dans une grande ville, qui était ici Montréal, et aux prises avec des problèmes comme la drogue, le chômage, la discrimination, les conflits familiaux, etc. Après avoir démontré qu’elle avait tout le talent nécessaire, Pat s’est vue offrir le premier rôle dans Sitting in Limbo. Ce documentaire dramatique a été présenté en première au Festival international du film de Montréal et a été très bien reçu par le public. Il a même été récompensé d’un prix spécial « Originalité et vitalité » par le jury. Ce film a été distribué dans plusieurs pays, et partout les réactions étaient dithyrambiques. Sitting in Limbo a aussi été nommé Meilleur documentaire dramatique au Festival of the Americas à New York en 1987. Le Black Theatre Workshop : Après avoir voyagé dans plusieurs pays et fait la connaissance de gens extraordinaires, Pat a continué sa carrière en rejoignant le BTW (Black Theatre Workshop), une troupe de théâtre qui monte des pièces d’auteurs noirs et qui fait la promotion de la culture noire. C’est lorsque la jeune actrice commente à travailler avec cette troupe qu’elle commence à apprécier la richesse de la culture afro-canadienne et de sa diversité. Entre 1987 et 1991, elle occupe le poste de directrice des relations publiques du BTW. Son travail la met directement en contact avec des gens « ordinaires » et elle réalise rapidement que derrière les visages souvent fatigués des femmes au foyer, des couturières et des ouvriers, se trouvent une sagesse et une force intérieure incroyables.
Juin
1995
Infirmier diplômé aux urgences et en psychiatrie, Daniel Dortelus a choisi de s’impliquer dans les relations entre employés, les problèmes de discrimination raciale et de harcèlement en milieu de travail. Il décide d’étudier le droit après avoir réalisé qu’il pourrait être plus utile à sa communauté dans ce domaine. Au cours de ses premières années de pratique, il s’est retrouvé avec le dossier d’une infirmière noire qui s’est plainte de harcèlement racial au travail. Cette cause devenue célèbre a reçu beaucoup d’attention et, par conséquent, maître Dortelus s’est fait connaître. Né en juillet 1953 à Cap-Haïtien, Daniel Dortelus est arrivé au Canada en 1972. Avant de devenir avocat, il a étudié au Collège Édouard-Montpetit et obtenu son diplôme d’infirmier en 1979. En 1985, il reçoit un baccalauréat en droit de l’Université du Québec à Montréal. En 1986, il fait son stage dans un bureau d’aide juridique de Pointe-Saint-Charles. Il est choisi parmi une centaine de candidats en partie grâce à son excellente connaissance de la clientèle du bureau, puisqu’il avait travaillé à l’Hôpital Douglas. Daniel Dortelus passe son barreau en 1986 et commence à travailler à la clinique d’aide juridique où il a fait son stage. Après deux ans, il ouvre son propre cabinet pour avoir plus de latitude dans son travail. Son bureau est situé au centre-ville. Il se souvient qu’à ses débuts, certaines personnes hésitaient à venir le consulter parce qu’elles n’aimaient pas le quartier où il était installé. Ce préjugé ne semble pourtant jamais l’avoir affecté et il y est toujours resté. D’après lui son attitude a eu un effet positif sur ces clients puisqu’ils ont décidé finalement de venir à son bureau. Sa clientèle est issue de divers groupes ethniques et contextes économiques. Et les dossiers qu’il traite sont tout aussi variés : querelles de voisins, poursuites pour faute professionnelle et divorces. Pour répondre aux besoins de ses clients, il doit rester à jour et lire constamment toute la documentation disponible. Au cours des dernières années, maître Dortelus a été impliqué de près dans plusieurs cas importants. En 1987, dans la cause qui opposait l’Association des infirmières noires du Québec à l’Hôpital Royal Victoria, il était arbitre de griefs et a poursuivi l’Hôpital Royal Victoria au nom d’une infirmière noire qui s’est plainte d’être victime de harcèlement racial. Le cas, publicisé dans la presse écrite, a sensibilisé le Québec à de nombreuses histoires d’infirmières sujettes à ce type de pression en milieu de travail et que cette situation était inacceptable.
Mai
1995
Bien qu’ils soient arrivés au Canada d’Haïti en 1969, Alix Joseph et Jean Lafleur n’ont fait équipe qu’à partir de 1982. Mais depuis, ils ont travaillé d’arrache-pied ensemble à l’intégration de la communauté haïtienne de Rivière-des-Prairies dans le nord-est de Montréal. Ils ont consacré un nombre incalculable d’heures et toutes leurs énergies pendant presque dix ans dans le Centre haïtien de regroupement et d’intégration à la société canadienne et québécoise (CHRISOCQ), un centre communautaire haïtien se consacrant tant aux jeunes qu’aux personnes âgées ainsi qu’à l’aide aux familles et aux chômeurs. Même avant la création du CHRISOCQ, Alix Joseph se préparait à sa future mission en étudiant la psychologie à l’Université Concordia. En 1982, après avoir interrompu ses études pour remplir des responsabilités familiales, il se joint à une équipe dynamique pour mettre sur pied une coopérative d’habitation afin de répondre aux besoins des familles haïtiennes aux prises avec la discrimination raciale dans l’accès au logement. La construction a commencé en 1983, et bientôt, 46 familles ont emménagé au centre. C’est à la coopérative qu’Alix Joseph a fait la connaissance de Jean Lafleur, un employé du ministère des transports récemment mis à pied. Ils ont fait équipe et décidé de terminer leurs études. À l’UQAM, Alix Joseph travaille sur une maîtrise en éducation pratique et Jean Lafleur, sur un diplôme en immigration et en relations interculturelles. Au cours de cette période, la communauté haïtienne de Rivière-des-Prairies a crû rapidement, et du même coup les besoins en développement de celle-ci. Les personnes âgées étaient tout particulièrement vulnérables. Comme l’explique Alix Joseph, « Les personnes âgées étaient nouvelles au pays et ce changement était radial pour elles. Leur manque de mobilité et leur isolement ont rendu impossible leur intégration à la communauté. Par conséquent, nous avons mis sur pied un club de l’âge d’or pour leur donner la chance de rencontrer d’autres personnes, de sortir et de se faire des amis. » Au cours de la même période, la récession des années 1980 frappait durement, tout particulièrement dans la communauté haïtienne. « Nous avons assisté à la désintégration de la famille haïtienne telle que nous la connaissions ; alors, nous avons commencé à travailler avec les familles ainsi que plusieurs familles monoparentales. Nous avons donc lancé des programmes de recherche d’emplois et de rétention à la même époque, et ces programmes sont toujours actifs aujourd’hui, » raconte Jean Lafleur. Ils informent les entreprises des actions positives générées par l’embauche. Ils conseillent également les membres de la communauté sur les programmes et les centres de santé.