Histoire des Communautés noires au Québec

L’histoire des Noirs à Montréal s’étend sur plus de 360 ans et commence dès les débuts de Ville-Marie. Les Noirs ont contribué à l’essor et au dynamisme de Montréal, ajoutant au caractère exceptionnel de la ville. Ils ont aidé de différentes façons à faire connaître la métropole québécoise, notamment en participant à la création et au soutien de l’infrastructure des transports de la ville, puis en faisant de Montréal un carrefour du jazz de premier plan en Amérique du Nord et, enfin, en réalisant de grandes découvertes scientifiques et médicales d’une portée considérable. Mais les Noirs se sont-ils établis au départ sur l’ensemble du territoire de l’île de Montréal? Quelle a été l’évolution de leur répartition dans l’espace urbain montréalais?

Au fil des décennies et jusqu’au XXe siècle, les Afro-Canadiens, les Afro-Américains et ultérieurement les Antillais quittèrent le Vieux-Montréal en suivant le mouvement migratoire résidentiel vers l’ouest, le long de la rue Saint-Antoine. Les Noirs occupèrent les espaces résidentiels des rues Saint-Antoine, Saint-Jacques et, à un moindre degré, Notre-Dame, toutes dans l’axe est-ouest. Ils privilégiaient ces artères, car, à cause de pratiques racistes, l’accès aux artères nord-sud du quartier Saint-Antoine leur était refusé.

Dès le milieu des années 1960, toutefois, la Petite-Bourgogne n’était plus le quartier de choix, conséquence d’un vaste réaménagement urbain qui avait évincé des centaines de familles de leurs logements insalubres. Les immigrants noirs anglophones tirèrent parti des nouvelles possibilités de logement qui s’ouvraient du côté de Notre-Dame-de-Grâce et de Côte-des-Neiges et furent plus nombreux encore à s’établir à Verdun et dans le centre-ville. Un modèle démographique similaire apparut dans la communauté haïtienne, même si celle-ci se distinguait sur les plans linguistique et culturel. Les Haïtiens avaient au départ un statut socioéconomique plus élevé que la majorité des Noirs anglophones. De la première vague d’Haïtiens francophones arrivés dans les années 1960, 93% étaient des cols blancs en 1965. En 1972, ce noyau comptait 3539 membres de professions libérales bien nantis.

Un deuxième groupe d’immigrants haïtiens fit son entrée lentement à Montréal à partir de 1968. Composé majoritairement d’ouvriers et de cols bleus, ce groupe devint majoritaire au sein de la communauté haïtienne. Encore peu nombreuse à cette époque, celle-ci vivait en dehors des quartiers centraux où habitaient les Noirs de langue anglaise.

En 1977, on estimait à 17 000 personnes officiellement la population haïtienne dans la région de Montréal. En 1981, 25 850 Haïtiens y habitaient et, en 1986, leur nombre passa à 38 000. Malgré un niveau d’instruction relativement élevé, 25% de ces Haïtiens étaient au chômage. Ils étaient confinés dans les secteurs de la fabrication et des services et leur revenu moyen n’atteignait que la moitié de celui de l’ensemble des Québécois. Comme chez les Noirs anglophones des générations précédentes, cet écart entre le niveau d’éducation et les possibilités d’emploi se traduisait notamment par un choix restreint en matière de logement pour les Haïtiens. Ceux-ci s’établirent principalement dans les quartiers du centre, du nord et du nord-est de Montréal: Mile-End, Montréal-Nord, Saint-Michel, Parc-Extension, Rivières-des-Prairies, Villeray, etc.

Des années 1970 au milieu des années 1980, de nouveaux résidants, les Noirs d’Afrique, commencèrent à s’établir à Montréal. Ils venaient de pays de langue anglaise: l’Afrique du Sud, le Kenya, la Tanzanie, le Nigeria et l’Égypte. Des Africains francophones arrivaient également du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, du Congo et du Zaïre. Dans les années 1990, les statistiques révélaient que 23, 8% des Africains entrés au Canada s’étaient installés au Québec.

La communauté noire montréalaise, contrairement à celles d’autres centres urbains, n’a jamais vécu dans un »ghetto » ni dans une enclave. Les Noirs ont plutôt toujours été une composante peu nombreuse, mais visible, des communautés où ils se sont installés.

Le 23 novembre 2006, l’Assemblée nationale adopte le projet de loi visant à faire du mois de février le Mois de l’histoire des Noirs, afin de souligner la contribution historique des communautés noires à la société québécoise. Cette loi entre en vigueur le 1er février 2007.

Par Dorothy Williams

360
ans d’histoire

XXe siècle

Au fil des décennies et jusqu’au XXe siècle, les Afro-Canadiens, les Afro-Américains et ultérieurement les Antillais quittèrent le Vieux-Montréal en suivant le mouvement migratoire résidentiel vers l’ouest, le long de la rue Saint-Antoine. Les Noirs occupèrent les espaces résidentiels des rues Saint-Antoine, Saint-Jacques et, à un moindre degré, Notre-Dame, toutes dans l’axe est-ouest. Ils privilégiaient ces artères, car, à cause de pratiques racistes, l’accès aux artères nord-sud du quartier Saint-Antoine leur était refusé.

1960

Dès le milieu des années 1960, toutefois, la Petite-Bourgogne n’était plus le quartier de choix, conséquence d’un vaste réaménagement urbain qui avait évincé des centaines de familles de leurs logements insalubres. Les immigrants noirs anglophones tirèrent parti des nouvelles possibilités de logement qui s’ouvraient du côté de Notre-Dame-de-Grâce et de Côte-des-Neiges et furent plus nombreux encore à s’établir à Verdun et dans le centre-ville. Un modèle démographique similaire apparut dans la communauté haïtienne, même si celle-ci se distinguait sur les plans linguistique et culturel. Les Haïtiens avaient au départ un statut socioéconomique plus élevé que la majorité des Noirs anglophones. De la première vague d’Haïtiens francophones arrivés dans les années 1960, 93% étaient des cols blancs en 1965.

1968

Un deuxième groupe d’immigrants haïtiens fit son entrée lentement à Montréal à partir de 1968. Composé majoritairement d’ouvriers et de cols bleus, ce groupe devint majoritaire au sein de la communauté haïtienne. Encore peu nombreuse à cette époque, celle-ci vivait en dehors des quartiers centraux où habitaient les Noirs de langue anglaise.

1970-
1980

Des années 1970 au milieu des années 1980, de nouveaux résidants, les Noirs d’Afrique, commencèrent à s’établir à Montréal. Ils venaient de pays de langue anglaise: l’Afrique du Sud, le Kenya, la Tanzanie, le Nigeria et l’Égypte. Des Africains francophones arrivaient également du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, du Congo et du Zaïre.

1972

En 1972, ce noyau comptait 3539 membres de professions libérales bien nantis.

1977

En 1977, on estimait à 17 000 personnes officiellement la population haïtienne dans la région de Montréal. En 1981, 25 850 Haïtiens y habitaient et, en 1986, leur nombre passa à 38 000. Malgré un niveau d’instruction relativement élevé, 25% de ces Haïtiens étaient au chômage. Ils étaient confinés dans les secteurs de la fabrication et des services et leur revenu moyen n’atteignait que la moitié de celui de l’ensemble des Québécois. Comme chez les Noirs anglophones des générations précédentes, cet écart entre le niveau d’éducation et les possibilités d’emploi se traduisait notamment par un choix restreint en matière de logement pour les Haïtiens. Ceux-ci s’établirent principalement dans les quartiers du centre, du nord et du nord-est de Montréal: Mile-End, Montréal-Nord, Saint-Michel, Parc-Extension, Rivières-des-Prairies, Villeray, etc.

1990

La communauté noire montréalaise, contrairement à celles d’autres centres urbains, n’a jamais vécu dans un »ghetto » ni dans une enclave. Les Noirs ont plutôt toujours été une composante peu nombreuse, mais visible, des communautés où ils se sont installés.

2006

Le 23 novembre 2006, l’Assemblée nationale adopte le projet de loi visant à faire du mois de février le Mois de l’histoire des Noirs, afin de souligner la contribution historique des communautés noires à la société québécoise. Cette loi entre en vigueur le 1er février 2007.Par Dorothy Williams