Avril
1998
Charles Biddle est né en 1926 à Philadelphie, Pennsylvanie, et y est demeuré jusqu’à l’âge de 16 ans. Tôt dans sa vie il commence à apprendre le piano, mais ses doigts, trop grands pour les touches, l’empêchent de poursuivre son apprentissage. Il décide donc de se tourner vers la contrebasse, un instrument qui ne le quittera plus jamais par la suite. Après la mort de sa mère, il commence à travailler pour subvenir aux besoins de sa famille. Il est par la suite conscrit dans l’armée américaine, puis une fois son service terminé, il se lance dans des études à la faculté de musique de la Temple University et à la Salacandro School of Music.
Ce n’est qu’en 1948 que M. Biddle choisit d’émigrer au Canada avec son groupe de musiciens pour fuir le racisme endémique aux États-Unis. Il habite d’abord un moment les quartiers juifs de Montréal. Cultivé, curieux et avec une formation en musique classique, on lui offre tout juste après son arrivée deux postes : un dans l’Orchestre symphonique de Sherbrooke, dirigé à l’époque par Sylvio Lacharité, puis à la Société orchestrale de Montréal avec Joseph Berliosky. Il conserve ces postes pendant quelques années.
Sa carrière dans le jazz prend son envol au moment où il se fait offrir des contrats avec Bennie Goldson,
Pepper Adams et Thad Jones. Il cohabite même avec le saxophoniste Charlie Parker dans son appartement de la rue Dorchester. Il se joint aussi à quelques figures mythiques du jazz, dont Art Farmer, Jimmy Heath et Oscar Peterson. On le retrouve alors au début des années 50 au Top Hat, au Montmartre, au Chez Paris, au El Morocco et au Rock Head’s Paradise Café et au Rock Head’s Paradise Café (lequel était situé près de l’actuel Centre Molson).
En 1957, il épouse Constance Marchand, une Québécoise, qui aujourd’hui encore, partage tous ses combats et avec laquelle il a eu quatre enfants. Charles Biddle et sa famille déménagent ensuite dans les Laurentides où il organise plusieurs concerts et ouvre le café Uncle Charlie’s. En 1979, il inaugure le Biddle’s Jazz Restaurant and Bar. Situé sur la rue Aylmer à Montréal, cet endroit est connu comme étant le centre d’attraction du jazz à Montréal.
Par son engagement auprès des jeunes artistes, pour son combat contre le racisme, Charles Biddles, promoteur du jazz et mentor des jeunes artistes de toutes les communautés, est un homme que toute la société québécoise honore et respecte. Il a à son crédit des centaines de concerts-bénéfice. Il a joué pour Nelson Mandela et la Reine Elizabeth, et participe encore à plusieurs festivals de jazz internationaux.
Pour Charles Biddle, le jazz, c’est un mode d’expression : « Le seul moment où je me sens véritablement libre, nous dit-il, c’est lorsque je joue ».
Mars
1998
Née à Port-au-Prince en Haïti, Yolène Jumelle arrive au Canada en 1971. Après avoir terminé un diplôme de premier cycle en sciences humaines à l’Université de Montréal, elle se lance dans une maîtrise en sociologie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), puis elle retourne à l’Université de Montréal pour se préparer à son doctorat. De 1979 à 1983, elle étudie le droit à l’UQAM.
Sa vie professionnelle a pourtant commencé à un jeune âge en Haïti comme annonceuse et productrice pour Radio Port-au-Prince (1968-1970). En 1971, elle devient formatrice pour les bénévoles de l’organisme SUCO. La même année elle cofonde la Maison d’Haïti où elle est responsable des services sociaux pour les immigrants et futurs immigrants. De 1973 à 1975, elle travaille comme remplaçante à la Commission des écoles catholiques du grand Montréal. Par la suite, elle va enseigner les sciences humaines et la gérontologie au cégep du Vieux Montréal. En 1976, elle devient travailleuse sociale pour le Centre des services sociaux du Montréal métropolitain. De 1989 à 1996, elle est commissaire à la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada. Depuis décembre 1996, Yolène Jumelle siège en tant que commissaire à la Commission des affaires sociales.
Mme Jumelle a reçu de nombreux prix pour souligner son travail de bénévole. Entre 1989 et 1991, elle a été honorée par la Maison d’Haïti, la Maison des jeunes l’Ouverture, le Congrès des femmes noires du Canada, l’Organisation nationale des femmes immigrantes et des Femmes des minorités visibles, ainsi que par l’Association des femmes entrepreneures de la Chambre de commerce de Montréal. L'Association montréalaise des gens d'affaires et de profession de race noire lui a remis le prix Jackie Robinson en 1991 en tant que professionnelle de l’année.
Mme Jumelle a publié et s’est exprimée en public sur des sujets tels que le racisme, le féminisme, l’équité et l’identité. Elle compte à son crédit : Le féminisme du 21e siècle : féminisme et racisme, Les femmes de couleur et l’enjeu de la sentence, Police et communautés culturelles : les problèmes des minorités visibles, Place des femmes de couleur dans le mouvement féministe, Problèmes d’identité des couples mixtes, Violence et diversité culturelle, Perspectives communes “oui” mais dans le respect de la différence, Femmes de couleur et média, Équité en matière salariale, Pas de développement économique de Montréal sans les communautés culturelles.
Yolène Jumelle a siégé au conseil d’administration du Y.M.C.A. et a été membre consultative du comité des femmes de Centraide ainsi que de l’Association pour l’éducation interculturelle du Québec et a occupé le poste vice-présidente et présidente du Congrès des femmes noires du Canada. Elle est également cofondatrice, membre et présidente de l’Association des journalistes ethniques du Québec et a participé à une série télévisée sur les femmes et les études féministes à la York University.
Février
1998
Frantz Vancol est né à Port-au-Prince en Haïti. Le contexte politique le force à quitter le pays en 1969. Il part retrouver des membres de sa famille au Libéria, en Afrique, puis émigre aux États-Unis pour étudier le génie civil au New York Staten Island College. Pendant son séjour aux États-Unis, il étudie également l’administration à la Geneva Business School et la cosmétologie à la Wilfred Academy à New York. Peu après, il est recruté par Holiday Magic Cosmetics dans les rôles de distributeur général et formateur marketing, un poste dans lequel il doit enseigner des techniques de vente partout à travers le monde. De plus, il fonde la chaîne de salons Young Romantic Beauty à New York.
C’est en 1979 qu’il débarque au Canada comme immigrant investisseur et lance une chaîne de trois salons de beauté, Les Jeunes Romantiques. Grâce à celle-ci, il fait découvrir au marché canadien les produits de soins des cheveux et de la peau les plus populaires conçus sur mesure pour la communauté noire. Il fonde également Tropico Inc., le New-York-New-York Market, un grossiste en produits tropicaux (aliments et cosmétiques) et devient le distributeur exclusif de nombreux produits spécialisés comme TCB, DRULA et AK-100. Grâce à un prêt de la Corporation de développement commercial Mathieu Da Costa, il réalise un rêve qu’il chérit depuis longtemps, lancer la production de Quisqueya, une boisson gazeuse à saveur tropicale.
Frantz Vancol travaille aussi pendant un moment comme agent immobilier. Il est diplômé de Century 21 (É.-U.), du Collège Montmorency à Montréal et de la Chambre immobilière du grand Montréal.
L’homme d’affaires trouve également le temps de soutenir plusieurs activités communautaires, et de s’impliquer plus spécialement dans des événements rassemblant les Noirs anglophones et francophones de Montréal. Il sert de tuteur a des étudiants aux prises avec des problèmes d’apprentissage, il enseigne les langues aux nouveaux arrivants et organise des séminaires et des conférences sur la coiffure et la cosmétologie. En tant qu’ancien membre du comité organisateur de la Carifiesta, il a collaboré fréquemment avec le concours Miss Black Québec. Franco Vancol est actuellement vice-président du club de soccer Montréal-Nord.
En 1995, l'Association montréalaise des gens d'affaires et de profession de race noire l’honore et lui remet le prix Jackie Robinson de l’homme d’affaires de l’année. En septembre 1996, il reçoit un trophée de la Mosquée Muhammad de Montréal pour sa contribution extraordinaire au monde des affaires. La plus grande ambition de Frantz Vancol serait de lancer la première station radiophonique gérée par les communautés noires du Canada.
Janvier
1997
En 1812, fuyant la Virginie esclavagiste, Richard Preston se réfugie en Nouvelle-Écosse à la recherce de sa mère.Lorsqu'il l'eut rejointe, il fit la connaissance du Révérend Burton, missionnaire britannique blanc qui passa sa vie à aider les Noirs d'Halifax. Richard Preston s'exprimait avec facilité et avait un sens de l'humour notoire, ce qui lui permit, en l'espace de quelques années, d'être connu dans toutes les communautés noires de la Nouvelle-Écosse. II était convaincu que les Noirs et les Blancs devaient travailler ensemble. Néanmoins, depuis son enfance, il était conscient que les Blancs rejetaient en bloc le principe de l'égalite entre eux et les Noirs. Quand il devint le premier Noir à joindre un club, le Maritime Baptist Association, quelques membres blancs s'opposèrent avec virulence. Richard Preston était un homme fort intelligent qui démontrait beaucoup de dévouement pour la liturgie, ce qui impresssionna le Révérend Burton. Ce dernier l'envoya donc poursuivre des études en Angleterre et en 1832, moins de 15 mois après son arrivée, il fut ordonné prêtre. En Angleterre, il joignit le mouvement abolitionniste, donna des conférences et mena des campagnes de levée de fonds. À son retour en Nouvelle-Écosse, il disposait d'assez d'argent pour faire construire l'église baptiste de la rue Cornwallis à Halifax. Durant les 20 années qui suivirent, il parcourut la province et contribua à Ia construction de 11 églises baptistes. Chaque dimanche, des Noirs de nationalités et de cultures différentes se retrouvaient dans ces églises. Des décennies de fréquentation de ces lieux de culte ont donné naissance à un sentiment d'appartenance au territoire même de cette province. Grâce à la construction de ces églises, le révérend a contribué à la croissance des communautés noires. Aujourd'hui, plusieurs sont d'avis que sa plus grande oeuvre a été la création de Ia African United Baptist Association en 1854. Cette association, devenue l'une des plus importantes de l'histoire de Ia Nouvelle-Écosse, a lutté pour l'amélioration des conditions dans les écoles fréquentées par les enfants noirs, a contribué à la création d'un orphelinat et a servi les communautés noires jusqu'à ce jour. Elle a joue un rôle important dans la lutte pour l'égalité des Noirs en Nouvelle-Écosse. Décédé en 1871, Richard Preston demeure un personnage qui a marqué l'histoire de la Nouvelle-Écosse, comme le révèlent les nombreuses villes de cette province qui portent son nom.
Décembre
1997
Pionnier de l'enseignement des sciences au Canada, le Dr E. Melville Duporte a été professeur d'entomologie (étude des insectes) à l'Université McGill. En 70 ans de carrière, cet homme remarquable a fait preuve d'une grande dévotion dans son travail et a grandement contribué à l'avancement de la science au Canada. Le Dr Duporte est né sur l'Ile de Nevis (Caraïbes) le 24 octobre 1891. Après I'obtention de plusieurs bourses, il a pu poursuivre ses études à l'Université McGill des octobre 1910. II était considéré comme l'un des plus brillants étudiants du Collège Macdonald, avec une moyenne générale de 94%. Il a été le premier diplômé en zoologie de ce collège à obtenir sa maîtrise et son doctorat à l'Université McGill. Le Dr Duporte a été aussi le premier professeur noir de cette institution de haut savoir. Chercheur et professeur émérite, il s'est acquis une réputation internationale dans le domaine de la morphologie des plantes et des insectes. Malgré les difficultés dues au racisme qu'il a rencontrées au cours de sa carrière, le Dr Duporte a été cofondateur de la Faculté d'agriculture de l'Université McGill, ainsi que de son département d'entomologie, dont il fut le directeur. Le Dr Duporte était un scientifique extrêmement respecté. Pendant plusieurs années, il a été secrétaire de la Société québécoise pour la protection des plantes. II a publié de nombreux articles dans des revues scientifiques ainsi qu'un ouvrage pédagogique sur la morphologie des insectes. En 1980, le Collège Macdonald a crée le prix E. Melville Duporte en reconnaissance de son énorme contribution à la science. De plus, il existe une série annuelle de Conférences Duporte qui vise à encourager l'échange d'information entre entomologistes. D'autres universités, telle l'Université Carleton (Ottawa), ont également honoré le travail de ce grand homme par des prix et des diplômes honorifiques. Le Dr Duporte est dédécé le ler juillet 1981, après avoir été reconnu par ses collègues et ses anciens étudiants comme l'un des plus éminents entomologistes d' Amérique du Nord.
Novembre
1997
Lazard Vertus est un jeune Québécois d'origine haïtienne qui se sent concerné par la problématique de la jeunesse délinquante. Diplômé de l'Universié de Montréal en crirninologie et de l'Université du Québec a Montréal en sciences politiques, il oeuvre depuis 1987 dans le domaine de la prévention du crime auprès des jeunes de Montréal-Nord, dont un nombre important provient de la communauté haïtenne. En 1992, il est devenu coordonnateur du Projet service jeunesse Canada de la Maison des jeunes I'Ouverture. Ce projet a pour but de réduire la crirninalité et la marginalisation chez les jeunes. En tant qu'éducateur et travailleur de rue, Lazard Vertus est une figure connue des jeunes qui fréquentent les écoles, les terrains de basketball, les parcs et les rues de la métropole. Afin de canaliser la violence des jeunes de la rue de façon plus constructive, il a développé un programme de basketball innovateur qui amène les bandes rivales à s'affronter sur le terrain de jeu. Par le biais de cette activité, il a sensibilisé les jeunes aux conséquences de la violence dans le but de contenir l'émergence des bandes. Une autre initiative audacieuse de Lazard Vertus est l'élaboration d'un programme d'échanges qui encouragent les jeunes à se mettre au service des personnes agées pour assurer la sécurite de celles-ci. En responsabilisant ainsi les jeunes, ce projet leur a permis d'acquérir des compétences professionnelles et des connaissances à travers une expérience pratique en milieu communautaire. Grâce à sa personnalité et à ses actions, plusieurs jeunes ont pu délaisser le monde de la violence, de la prostitution, des conflits familiaux ou des bandes de rues. Son influence sur Ia jeunesse et son incidence sur la diminution des crimes dans la ville de Montréal-Nord ont été remarquées par les médias, les parents et le reste de sa communauté. Lazard Vertus a la conviction que les jeunes des communautés noires peuvent surmonter la discrimination et réussir à travers le travail et la persévérance. II croit cependant que le chômage et ses conséquences constituent la principale cause de l'éffondrement de la jeunesse noire montréalaise. Afin de pallier cette situation, il a établi des liens étroits entre les jeunes et les entrepreneurs de Montréal-Nord, ce qui a permis aux décrocheurs de trouver des emplois. Ces derniers savent qu'ils peuvent compter sur son appui, soit pour retourner sur les bandes d'école ou intégrer le marché du travail. Lazard Vertus est devenu un chef de file respecté dans sa communauté en travaillant avec les jeunes pour répondre à leur besoin de soutien et renforcer leur estime d'eux même.
Octobre
1997
Originaire de la République de Guinée, M. Cheickh Tidiane Conte s'est intéressé très tôt à l'architecture et au design industriel. II a obtenu en 1973 un baccalauréat en construction publique au Lycee Technique de Conakry (République de Guinée) et, en 1976, un brevet d'études professionnelles au Collège d'enseignement technique industriel d'Abidjan (Côte d'Ivoire). Ayant immigré au Québec en 1977, il a poursuivi ses études et en 1986, a obtenu une maîtrise en architecture de l'Université Laval. M. Conte a acquis une réputation internationale dans son domaine. II a conçu des projets d'architecture et de design industriel pour divers clients à travers le monde, notamrnent dans plusieurs pays d'Afrique dont la Guinée, le Nigeria et la Côte d'Ivoire. Aujourd'hui, M. Conte est professeur de dessin technique au Centre de formation professionnelle de la Commission scolaire Sault-Saint-Louis, à la ville de Lachine. Parallèlement, il assume la direction des opérations d'un studio d'architecture, de design et d'ingénierie (SADI) qu'il a fondé en 1992. Récemment, sa notoriété s'est étendue grâce à un prototype innovateur d'automobile sport a deux sièges nomme « Talisman» qu'il a conçu et réalisé de toutes pièces. M. Conte voit dans son intéraction avec les étudiants en classe, une expérience révélatrice de la nécessité de partager notre histoire et notre culture avec les autres. II constate que les choses sont en train de changer dans la communauté noire et par conséquent, dans l'attitude de la société face aux Noirs. II a Ia conviction que les Noirs doivent modifier leur fa9on de penser en se rappellant, ou qu'ils se trouvent, qu'ils ont autant de potentiels que Jes autres membres de la societe. M. Conte mise surtout sur Jes etudes pour l'atteinte de
la compétence. Pour lui, le bonheur est un but que chacun devrait poursuivre malgré les obstacles.
Septembre
1997
Né à Butare, dans le sud du Rwanda, Léo Kalinda est, avant sa classe de terminale, recruté, par l'Office de coopération radiophonique française comme animateur à Radio Rwanda. Seulement pour quelques mois. En 1973, il est banni du pays, avec des milliers d'autres, lors de violences gouvernementales contre les Batutsi, la communauté minoritaire.
Exilé en France, il étudie le journalisme et fait ses premières armes parisiennes à Radio France Internationale. Immigrant à Montréal, il fait son entrée à la Société Radio-Canada en 1978. Des émissions de pointe comme Le Point à Radio-Canada, et le magazine Nord-Sud, diffusé sur les ondes de Radio-Québec future Télé-Québec, lui valent une certaine notoriété. Mais, c`est à la radio que Léo Kalinda se fait une réputation de grand reporter et d`analyste de politique internationale. Une quarantaine d’années aux programmes d'affaires publiques Présent dimanche, Dimanche magazine et de Desautelsledimanche. Léo Kalinda est corécipiendaire du Grand prix international du reportage télé du CIRTEF en 1986, pour la série Afrique du Sud, Quatre portraits sous l'apartheid. En 2006, son film "Mères courage, Survivantes vivantes " reçoit Le Prix-ONF Regards d’ici et le Prix du public au Festiv`elles Festival International des Femmes de Montréal.
Premier journaliste d'origine africaine à travailler pour de grandes stations au Québec, M. Kalinda s'est imposé grâce à son dynamisme et à son professionnalisme. Son travail journalistique avant, durant, et après le génocide des Batutsi l'a propulsé sous les feux de la rampe. Un des premiers internationaux à remettre le pied au Rwanda en juillet 1994, il y découvre que sa Famille, mère, frères épouses enfants, a été presque entièrement exterminée, paix à leurs âmes. Ce massacre planifié a fait un million de victimes. En Occident, bien des gens ont été étonnés d'apprendre que ce n'était pas un carnage entre ethnies qui s’entretuent depuis des générations. Ils ignoraient, explique Léo Kalinda, que les Rwandais forment un même peuple, une seule ethnie, mot qui, selon Larousse, désigne un groupement humain uni par une structure familiale, économique et sociale homogène, sur une communauté géographique de langue et de culture. M. Kalinda insiste: génocide au Rwanda ou génocide rwandais, sont des termes utilisés par négationnistes et révisionnistes signifiant double génocide pour nier le génocide, le crime des crimes, contre les Batutsi. Il en est convaincu; il faut enseigner à nos enfants à considérer toute personne, même criminelle, comme un être humain. Par son humanisme, et sa pratique du journalisme, Léo Kalinda est une de nos figures de proue, un modèle pour les jeunes de la communauté noire qui aspirent à réussir dans le domaine des communications.
Août
1997
La carrière de Juanita Westmoreland-Traoré, tout comme ses activités professionnelles et sociales, reflètent non seulement son profond respect de l'être humain, rnais aussi son engagement à défendre ses droits et sa dignité. Diplômée du Collège Minéapolis et de la Faculté de droit de l'Université de Montréal, Mme Westmoreland-Traoré est également titulaire d'un doctorat d'État en droit public de l'Université de Paris II. Avocate depuis 1969, Mme Westmoreland-Traoré est une spécialiste des droits de la personne, de l'immigration, de la citoyenneté, de la famille et des organismes sans but lucratjf. Elle a été professeure à la faculte de droit de l'Université du Québec à Montréal et, de 1983 à 1985, commissaire à la Commission canadienne des droits de la personne. Particulièrernent sensible à la cause des femmes noires, elle s'est engagée, au cours de la même période, au sein du comité régional de Montréal du Congrès des femmes noires du Canada à titre de présidente. Mme Westmoreland-Traoré est bien connue pour le rôle important qu'elle a joué dans l'établissement du Conseil des communautés culturelles et de l'immigration du Québec, dont elle a assumé la présidence de 1985 a 1990. De 1991 à 1995, elle a travaillé en tant que commissaire à l'équité en matière d'emploi pour le gouvernement de l'Ontario. Touchée par la situation politique précaire en Haiti, elle a été, jusqu'à récemment, conseillère des Nations unies auprès de la Commission pour la Vérité et la Justice en Haïti. Depuis plusieurs années déjà, Juanita Westmoreland-Traoré consacre beaucoup de temps et d'efforts au travail communautaire, s'intéressant particulièrernent aux questions touchant l'équité et les droits de la personne. Cet engagement s'est traduit de plusieurs façons, notamment par sa participation aux activités du conseil de la Ligue des droits et libertés du Québec et du Centre d'information et de documentation sur l'Afrique australe (CIDMAA). Elle a egalement siègé au conseil d'administration de Centraide a Montréal et au comité exécutif de la Fondation canadienne des droits humains. Infatigable, Mme Westmoreland-Traoré multiplie ses actions communautaires en devenant membre du panel du programme juridique du Conseil canadien de développement social ainsi que du Fonds d'éducation de l'Afrique du Sud. Son engagement dans le domaine des droits de la personne et de l'action communautaire lui a valu de devenir, en 1991, titulaire de l'Office de l'Ordre national du Québec. En 1993, un doctorat honorifique de l'Université d'Ottawa couronna ses années d'effort dans le domaine du droit humanitaire. Mme Westmoreland-Traoré occupe aujourd'hui le poste de doyenne de la Faculté de droit de l'Université de Windsor et demeure un modèle éloquent pour la communauté noire du Canada.
Juillet
1997
Alphonso Theodore Roberts, mieux connu sous le nom d'Alfie, est né a Saint-Vincent et les Grenadines (Antilles britanniques) en 1937. Après son arrivée au Canada, en 1962, il fut des études en économie a l'Université Sir George Williams (aujourd'hui Concordia). Plus tard, il compléta des études supérieures en administration publique à l'Université Carleton (Ottawa). D'une insatiable curiosite intellectuelle, Alfie Roberts étudia abondamment l'histoire des Noirs, celle du monde et de la politique internationale, et est devenu une autorité reconnue en la matière. Cette notoriété lui a valu dêtre invité à participer à des conférences, entre autres en Amérique du Nord, dans les Caraïbes, en Martinique, à Cuba, en Tanzanie, en Ouganda, en Lybie et en Russie. Par ailleurs, Alfie Roberts s'engagea activement dans le milieu communautaire. Il fut l'un des membres fondateurs de ]'Association de Saint-Vincent et les Grenadines à Montréal, en 1965, ainsi que de la Conférence Committee on West Indian Affairs, qui organisa une serie de conferences et d'activites diverses de 1965 a 1974. De plus, Alfie Roberts fut tres actif au sein du Black Community Communications Media of Quebec, du Caribbean International Service Bureau et du Emancipation JOO Committee. II fut également membre du conseil d'administration de l'équipe de rédaction du mensuel de la communauté noire anglophone de Montréal, le Afro-Canadian. Un tel dévouement à la communauté n'est pas passé inaperçu et Alfie Roberts a été honoré pour sa
contribution au développement local et national de la communauté noire. Au cours des années, il exeça une importante influence sur la vie de plusieurs membres de cette communauté. En tant qu'éducateur, il aida plusieurs étudiants dans leur parcours scolaire. II croyait fermement en la valeur d'une éducation supérieure et encouragea de nombreux adultes à poursuivre des activités d'ordre intellectuel. Sur le plan philosopbique, Alfie Roberts était d'allégeance marxiste, considérant que tous sont égaux et doivent pouvoir profiter des mêmes opportunités. Il croyait également que nous devons tous essayer de vivre harmonieusement et cette conviction était à la base de sa volonté de rejoindre, par son action, sa communauté et le reste de la société dans laquelle il vivait. II fit la promotion de l'idée que les Noirs ne doivent pas s'isoler, parce qu'au Canada, vivre ensemble est une activité quotidienne à laquelle tous doivent contribuer. Jusqu'a son décès, le 24 juillet 1996 a Montréal, Alfie Roberts fut un exemple vivant de cette pbilosophie.
Juin
1997
L'histoire commune du Révérend Dr. E Leicester Bigby et de sa femme Hazel a assuré le succès de leur ministère et la réalisation d'un rêve. Originaires de la Jamaïque et ayant grandi dans la même tradition religieuse, ils partagent la même philosophie de vie. lls se sentent concernés par le sort des plus démunis, particulièrement au sein de la communauté noire. Homme érudit, le Reverend Dr. Bigby possède un baccalauréat en arts (littérature anglaise), deux maîtrises de l'Université Queen's (Ontario), l'une en sciences religieuses et l'autre en administration scolaire. ll détient également un doctorat en théologie du McCormick Theological Seminary de Chicago. Quant au Dr. Hazel Bigby, son action et sa réputation s'étendent bien au-delà de son église. Elle s'est engagée dans de nombreuses activités communautaires et siège au sein de divers comités de planification et d'implantation de l'Église Unie du Canada dont certains sont liés à la condition féminine. Elle est toutefois surtout connue dans la communauté noire comme étant la directrice du Outreach Ministry Program, qui vise à répondre aux besoins immédiats de la communauté en ce qui a trait à l'emploi, à la formation linguistique, à l'orientation professionnelle, à l'information juridique et aux services à la jeunesse.
Son travail lui a valu l'obtention d'un doctorat honorifique en sciences religieuses du United Theological College de l'Universite McGill en mai 1995. Reverend Dr. Bigby ceuvre aupres de la congregation de l'Église Union Unie de Montreal depuis plus de 17 ans. Les Bigby utilisent une approche particulière auprès de leur congrégation ou les membres de la communauté noire sont nombreux. Ils ont également instauré µne politique d'ouverture dans la liturgie de l'Église en ce qui à trait à l'âge et au sexe. Les tâches ministérielles sont distribuées équitablement et les jeunes sont appelés à assumer des responsabilités dans l'Église. En 1982, les Bigby inaugurèrent dans leur église la Semaine de l'héritage. D'abord un événement annuel majeur pour célébrer les différences culturelles au sein de cette congrégation, la Semaine de l'héritage regroupe maintenant toute la communauté noire et offre un panorama de la richesse de la culture noire. Le 30 juin 1997, après de longues années de dévouement, les Bigby prendront leur retraite. lls se consacreront à leurs quatre enfants et leurs sept petits-enfants. Ils affirment avoir tiré beaucoup de satisfaction de leur travail et sont fiers d'avoir contribué a aider la communauté noire de Montréal par le biais du ministère de l'Église Union Unie, qui s'apprête à célébrer ses 90 ans d'existence.
Mai
1997
Claude Moïse est né le 14 novembce 1932 à Gonaïves (Haïti) où il a fait, parallèlement à ses études secondaires, l'apprentissage de l'action civique à travers des associations de jeunesse. Ancien élève de l'École Normale Supérieure d'Haïti en sciences sociales, il a commencé sa carrière d'enseignant en 1956 à Port-au-Prince en même temps qu'il s'est lancé dans la lutte syndicale à la faveur des bouleversements sociaux et politiques que connut le pays. Éxilé en 1965, il a enseigné au Zaïre de 1965 a 1966 et au Québec de 1966 a 1994. Ses activités se sont deroulées autour de deux axes principaux: l'enseignement du français au secondaire et la production intellectuelle. Au Québec, il a entrepris des études en sciences politiques a l'Université du Québec a Montréal. II a collaboré à
plusieurs publications, dont deux revues haiïtiennes éditées à Montréal: Nouvelle Optique, dans les années 70, et Collectif Paroles, dont il a été le rédacteur en chef de 1979 a 1986. Claude Moïse est surtout connu pour ses analyses politiques et ses travaux sur l'histoire constitutionnelle et politique d'Haïti. Il a produit plusieurs ouvrages, dont quelques-uns en collaboration avec d'autres auteurs. Son reuvre principale, Constitutions et luttes de pouvoirs en Haïti (en deux tomes), retrace toute l'histoire de ce pays depuis son indépendance, en 1804, jusqu'à la chute de Duvalier en 1986. En tant qu'historien et analyste politique, il est souvent sollicité pour participer à des émissions d'information à la radio et à la télévision, en particulier lors des périodes plus tumultueuses, comme celle de la crise haïtienne des cinq dernières années. À ce titre, il a pris part, comme conférencier, à de nombreuses rencontres dans plusieurs villes à forte concentration d'immigrés haïtiens, dont New York, Boston, Montréal, Québec, Sherbrooke, Paris et Saint Domingue. En plusieurs occasions, il a également été invité à travailler avec des groupes de jeunes Haïtiens afin de leur transmettre une meilleure connaissance de l'histoire d'Haïti. Claude Moïse se sent concemé par le destin de la jeunesse noire. II souhaité qu'elle s'impose à la société à travers une oeuvre constructive qui affirme ses valeurs afin de marquer historiquement sa présence au Québec. Les jeunes devraient viser l'excellence tant à l'école qu'au travail, afin d'être en mesure d'affirmer avec autorité leurs convictions, leur dignité et leur solidarité non seulement avec leur communauté, mais aussi avec tous les autres jeunes. Enseignant à la retraite, Claude Moïse poursuit ses travaux sur l'histoire politique et institutionnelle d'Haïti. Il est actuellement membre de l'Institut haïtien de recherches et d'études sociales (IHRES), basé à Montréal. et d'initiatives démocratiques (ID), une organisation haïtienne d'action civique vouée à la promotion des valeurs démocratiques en Haïti.